Pour voyager dans l’univers de la « naturo »… (3)

Nous avons abordé, dans les deux articles précédents, les couples Hygée/Panacée et Hippocrate/Galien.

Surgit alors un grand sujet de réflexion (et de débat) : alors que nous appartenons à l’univers « naturo », pouvons-nous rester à l’écart de cette bipolarité ?

Il serait tentant de dire que Naturothérapeutes et Naturopathes ont choisi leur camp : Hygée contre Panacée, Hippocrate contre Galien.

 Pouvons-nous affirmer que jamais, au grand jamais, nous n’invoquerons Panacée ?

Pouvons-nous prétendre, au-delà de nos goûts, de nos convictions, que jamais nous n’enfilerons le costume de Galien ?

Tout thérapeute, tout médecin qui dispose du libre choix dans ses décisions et dans ses actes, s’il a bien compris l’art de soigner, sera bien aise, en fonction des circonstances et en conscience, d’appeler Galien à la rescousse. Il n’est pas toujous bon, en effet, pour un patient de se retrouver trop longtemps enlisé dans une ornière. C’est inconfortable ou lassant (au mieux), c’est épuisant (le plus souvent), ça peut même (parfois) mettre en jeu le pronostic vital. Le thérapeute a alors la possibilité aujourd’hui, et c’est heureux, d’appeler la dépanneuse. Cette dépanneuse(c’est l’idée qu’il faut retenir), nous la choisirons, si possible, efficace, rapide (c’est relatif), simple, peu coûteuse… mais si , ça existe. Si d’aventure, exceptionnellement, la solution devait être « chimique » ou chirurgicale, la Naturothérapie a toujours quelque chose à apporter. Toujours. Avicenne l’a bien compris avant nous.

Cette courte réflexion nous fournit l’occasion d’examiner, à grands traits, les courants qui circulent dans la communauté des « Naturo-praticiens », autant chez les Naturothérapeutes que des Naturopathes.

Pour y voir plus clair, pour bien comprendre la diversité de ces courants, acceptons de rappeler, une fois de plus, que toutes les pathologies, y compris les plus graves, sont toujours liées à certain de degré de toxémie, d’encrassement, chimique et/ou métabolique, d’origine exogène ou endogène. Toujours. C’est la base même de l’héritage hippocratique.

Aujourd’hui, c’est toujours vrai à condition de ne pas oublier que la « porte d’entrée » alimentaire, qui fait à juste titre la « une » des médias modernes, est fortement tributaire et de facteurs environnementaux et surtout de facteurs psychologiques.

Heureusement, tout encrassement, de la simple intoxication jusqu’à l’empoisonnemnt aigüe tend à être éliminé par les émonctoires, primaires ou secondaires (dans l’urgence, n’importe quel organe, n’importe quel tissu peut même devenir émonctoire). C’est la phase de désassimilation et il est important de reconnaître le travail d’élimination de la toxémie par les émonctoires. Nous commençons à comprendre aisèment le danger d’une répresssion aveugle du langage « émonctoriel ». Aujourd’ui, trop souvent hélas, dans la médecine du quotidien, de nombreux symptômes, qui ne sont au départ que de simples exagérations ou exubérances émonctorielles, sont considérés comme des maladies à part entière, et traités comme tels.

Si nous revenons maintenant dans le champ d’intervention de la Naturothérapie, nous sommes confrontés à 2 étapes :

  • La « porte d’entrée » alimentaire.
  • La « porte de sortie » émonctorielle.

Il en résulte, schématiquement, au sein de certains praticiens,une forme « spécialisation » .

1/ Les fondamentalistes

Ils travaillent sur une clinique très fine qui se focalise sur la « porte d’entrée » alimentaire et l’étude des phénomènes d’homéostasie, le tout restant fortement chapeauté par l’environnement psycho-émotionnel.

2/ Les urgentistes (les interventionnistes ? les antisymptomatiques ?)

   Ils travaillent sur les émonctoires, considérés comme des filtres organiques, avec la tentation de faire taire les symtômes, même si c’est avec les moyens naturels.

3/ Les nutrimentionnistes

   Peut-être les plus nombreux, ils constituent une nouvelle dynastie de thérapeutes. Ils pensent que l’on peut cumuler les avantages des deux méthodes précédentes par une prescription de nutriments, substances rapidement assimilables, limitant notamment la déperdition énergétique au niveau du tube digestif et le surmenage des émonctoires.

   Il paraît logique d’apporter un nutriment manquant (du magnésium, du fer ou de l’iode, par exemple) en cas de carence ou de surconsommation nutritionnelle. Les laboratoires dits de complémentaires alimentaires, de plus en plus nombreux sur le marché, nous offfrent une pléthore de spécialités, se présentant soit sous forme d’unitaires, soit le plus souvent de complexes associant nutriments et phytothérapie.

4/ ….

   Quelques thérapeutes trouvent facilement leur place dans cette classification ? Sans doute . Pour ma part, les années passant, je retiens l’idée que nous pouvons être tour à tour, suivant les circonstances, fondamentaliste ou urgentiste ou nutrimentionniste. L’important n’est-il pas de comprendre le sens de nos interventions ?

   D’autre part, toute classification a toujours quelque chose d’artificiel. D’abord les frontières entre les différentes catégories sont rarement étanches. Ensuite, les thérapeutes en médecine naturelle possèdent souvent dans leur arsenal plusieurs techniques ou méthodes (acupuncture, homéopathie, phytothérapie, aromathérapie,médecine chinoise, médecine ayurvédique, hypnose….). Il n’est donc  pas exagéré de dire qu’il existe dans l’univers « naturo » autant de variantes que de praticiens.

   Au delà des « querelles » de vocabulaire, au delà des classifications avec leur côtés conventionnels, il me paraît évident comme il le sera peut-être pour vous, que la Naturothérapie est bien autre chose qu’un empilement de recettes.

   Et si la naturothérapie était finalement un état d’esprit ? ou une philosophie ?ou  un art de vivre ?

   L’idée est à creuser….auparavant quelques chantiers nous attendent dans notre réflexion, avec leurs lots de questions. Par exemple :

C’est quoi la santé ? et la maladie ? et la guérison ?

Comment faire vivre l’héritage que nous avons reçu de nos aînés ?

Quels outils avons-nous privilégiés, ou devrions-nous privilégiés dans le programme Idenat ? …etc

A suivre…

Dr Alain Guyon