Pour voyager dans l’univers de la « naturo »… (1)

Pour quiconque est convaincu que la Naturothérapie possède tous les atouts pour constituer le socle de la médecine de demain, il est toujours instructif (et réconfortant) de vérifier (ou de découvrir) qu’elle plonge ses racines dans les temps les plus reculés, dans l’aube de l’humanité.

En explorant l’arbre généalogique de la « Naturo », il est tentant d’en extraire une triade composée de :

  1. Un mythe fondateur : la légende d’Asclépios
  2. Des hommes pour l’incarner (dont Hippocrate, l’un des premiers)
  3. Deux mamelles nourricières: l’Humorisme et le Vitalisme.

Mais au fait, qui est Asclepios ? Que nous apprend-il ?

Asclepios, dieu de la Médecine, était si célèbre dans la Grèce Antique, que les Romains eux-mêmes, l’adoptèrent et le vénérèrent sous le nom d’Esculape, lequel, parmi ses enfants, avait deux filles. La première, Hygée (ou Hygie, qui a donné naissance au terme hygiène) enseignait les règles d’une vie harmonieuse permettant de préserver la santé. La seconde, Panacée, enseignait l’art de soulager et de guérir, à partir des vertus et secrets des plantes et autres remèdes. Le mythe d’Hygée et de Panacée symbolise toute l’ambivalence de la médecine. La pratique médicale occidentale, au fil des siècles, a retenu essentiellement l’héritage de Panacée, tandis que celui d’Hygée y est beaucoup plus discret.

Aujourd’hui encore, force est de constater qu’au sein de toute démarche médicale, en tout temps et en tout lieu, qu’elle soit moderne ou traditionnelle, qu’elle soit « dure » ou « douce », deux tendances semblent constamment s’opposer, tout en restant complémentaires : la tendance « Hygée » et la tendance « Panacée ».

Pour rester en bonne santé, Hygée devrait suffire. Dans la vraie vie qui ne se décrit pas uniquement en noir et blanc, il est bon que les deux tendances soient équilibrées.

Le plus souvent, et pas seulement dans le monde médical, Panacée prendra le dessus sur Hygée. A court terme, les motifs ne manqueront pas (c’est plus rapide donc plus satisfaisant) pour appeler Panacée à la rescousse, et donc de négliger Hygée, là suivant le degré d’urgence (une notion bien relative), là suivant la demande du patient (souvent impatient) ou tout simplement suivant le tempérament et la sensibilté du praticien.

Cette plongée dans la mythologie gréco-latine nous rappelle au besoin quelques vérités essentielles.

D’abord, qu’Un Principe Unique est à l’œuvre dans toute le création, indifférencié, illimité. Ensuite que l’Un se manifeste toujours et d’abord selon un principe de séparation. Dans le cas présent Asclepios se manifeste à travers ses deux filles Hygée et Panacée.

   Dans un langage plus moderne, cette dualité n’a en soi rien d’étonnant et ne fait qu’illustrer, à travers ce modèle binaire « Hygée-Panacée », cette propriété fondamentale que possède tout système de pouvoir se décomposer en couples d’antagonismes.

A suivre …

Dr Alain Guyon